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Assurant la circulation d’eau douce dans l’ensemble des milieux du delta, le riz de Camargue est indissociable du territoire Camarguais.
L’inondation des parcelles de riz empêche la salinisation des sols et permet l’introduction d’autres cultures notamment de blé dur.
Les kilomètres de canaux d’irrigation et de drainage entretenus par les riziculteurs assurent la diffusion d’eau douce, puisée dans le Rhône, dans l’ensemble des milieux naturels et ainsi la préservation de la biodiversité spécifique et fragile de ce territoire.
Plusieurs manifestations populaires célèbrent la culture, qui démontrent son importance particulière pour ce territoire : fête des prémices inaugurant les récoltes, féria du riz, élection de l’ambassadrice du riz, et confrérie du Riz de Camargue qui compte de nombreuses personnalités. (Calendrier des fêtes)
Le riz de Camargue IGP est cultivé, séché et transformé dans une aire strictement délimitée correspondant à la plaine deltaïque qui était régulièrement inondée avant l’endiguement du Rhône.
Une qualité particulière
Le riz de Camargue IGP offre une large gamme de produits, correspondant à différents formats de grains et divers états d’élaboration, avec chacun des usages et des caractéristiques nutritionnelles particulières. Tous ont en commun les caractères de qualité suivant.
Un riz très propre et très homogène
Remarquable par sa diversité, le riz de Camargue IGP l’est aussi par sa propreté et sa grande homogénéité : dans un paquet, il n’y a ni paille ni autres graines, et tous les grains sont semblables, parfaitement décortiqués, entiers et sans tâches.
Avec un temps de cuisson réduit
Son temps de cuisson est réduit par rapport aux riz d’autres provenances, en raison de sa composition en amylose.
Et un parfum délicat
D’une manière générale, les riz européens ont un profil aromatique différent des riz asiatiques ; cette différence est ici renforcée par la présence de sel dans le sol qui stresse la culture et accentue l’expression des arômes.
Une qualité liée au territoire
La qualité particulière du Riz de Camargue résulte essentiellement des conditions de climat et de sol, et des pratiques que les riziculteurs ont mis au point pour y adapter la culture.
Un climat rude qui limite le rendement mais garantit la qualité du grain
Le grand ensoleillement et le Mistral qui souffle fort et souvent, assainissent les conditions de culture en fin de cycle et réduisent les risques de tâches causées par les maladies.
L’absence de relief qui limite la circulation d’eau entre parcelles
Le contrôle strict du niveau d’eau rendu possible par l’individualisation des parcelles, et la proximité des sites de collecte, où le riz est séché sitôt récolté, limitent les risques de détérioration du grain.
Le sel, facteur de stress qui réduit le temps de cuisson et augmente les arômes
La forte amplitude thermique et l’omniprésence du sel sont des facteurs de stress de la culture. Ils augmentent la teneur en amylose des grains, et expliquent son temps de cuisson un peu plus court.
Ces conditions stressantes induisent aussi une concentration en acétyl pyroline plus forte. Cette molécule est responsable de l’expression aromatique du riz, et donne au riz parfumé de Camargue son parfum particulier.
Une organisation à l’échelle du territoire
Enfin l’entente entre riziculteurs et sites de collecte permet la constitution de lots par variété qui regroupent des grains de riz ayant les mêmes caractéristiques. Et le travail du rizier, qui sèche, décortique et trie les grains, garantit la qualité optimale du produit fini.
Un savoir-faire original
Une culture technique avec l’eau comme principal outil de maîtrise
Seules les parcelles fermées sur les quatre côtés par des lévadons et disposant d’une arrivée d’eau et d’une sortie d’eau indépendantes peuvent être utilisées pour la culture de riz de Camargue IGP. Ce mode de production, qui s’inscrit dans un système complexe de canaux d’irrigation et de drainage, représente un formidable outil de maîtrise :
- L’inondation de la parcelle puis son assèchement (pratique d’ « assec » des rizières) sur une courte période durant la phase d’installation du riz permet de réduire fortement, par un moyen de lutte intégrée, les populations de champignons pathogènes du sol,
- En cours de culture, la gestion de l’eau par le contrôle strict des niveaux, permet d’optimiser la croissance de la plante.
- En fin de cycle, avant la maturité du grain, la rizière est asséchée pour limiter les contacts du grain avec l’eau, ce qui nuirait à la qualité du produit, etaméliore la propreté de la récolte.
Il nécessite un savoir-faire spécifique des producteurs pour la gestion de l’eau à la parcelle et la réalisation des techniques culturales.
Parmi ses pratiques culturales et savoir-faire originaux, on peut citer le métier de l’aigadier (ou eygadier) ou « Gardien des eaux ». Celui-ci est chargé d’organiser la circulation de l’eau et d’adapter le niveau d’eau à chaque parcelle tout au long du cycle.
Un cahier des charges strict
Culture
Les parcelles de de culture du riz paddy doivent disposer chacune d’une entrée et d’une sortie d’eau, pour gérer indépendamment l’inondation de chaque parcelle en évitant toute sur verse entre parcelles.
L’eau utilisée pour inonder les parcelles vient du Rhône grâce à des stations de pompage collectives et individuelles. Les eaux de vidange et drainage sont collectées dans des canaux non reliés aux canaux d’irrigation, et rejetées dans le fleuve en aval.
Ces dispositions permettent d’adapter au plus juste les niveaux d’eau et de maîtriser les traitements phytosanitaires en évitant toute concentration de matière active dans les parcelles aval. Seules les parcelles exploitées en agriculture biologique, ont la possibilité de déroger à l’exigence.
Récolte et gestion de la collecte
Le stade de récolte est déterminé suivant le climat et la précocité des variétés choisies, le plus souvent entre mi-septembre et fin octobre.
Selon la situation et les conditions météorologiques, la parcelle est asséchée avant récolte pour limiter les contacts entre les grains et l’eau et réduire les risques de germination.
Elaboration du produit fini
L’élaboration du produit fini est réalisée dans l’aire géographique au fur et à mesure des besoins de la commercialisation ; elle consiste en une succession d’étapes de nettoyage, étuvage (facultatif), décorticage, triage, calibrage, et usinage.
Le produit fini, doit respecter une grille de qualité spécifique dite « Qualité Camargue », extrêmement restrictive.
Une longue histoire
Le riz en Camargue a une histoire ancienne ; on en retrouve des traces dès le XIIIe siècle, tel le décret du 23 août 1593 dans lequel le roi Henri IV ordonne que soient cultivés en Camargue la Canne à Sucre, la Garance et le riz.
L’histoire de la riziculture moderne débute véritablement au XIXe siècle, après l’endiguement du Rhône en 1855. Le Riz de Camargue obtient ainsi en 1856 une médaille d’honneur à l’exposition universelle, qui selle sa notoriété.
La culture se développe surtout après 1945, suite au blocus et à la pénurie des denrées alimentaires pendant et après l’occupation. Au début des années 60, le riz occupe jusqu’à 35.000 ha, en Camargue et sur la frange méditerranéenne de Port-Saint-Louis du Rhône à Perpignan. A cette époque la production couvre l’ensemble des besoins intérieurs, avec une petite part de production exportée.
Dès 1965 le déclin s’amorce lié à l’augmentation des frais d’exploitation et à la concurrence des riz d’importation à l’intérieur du Marché Commun (Italie et Espagne surtout). Mais la culture, malgré son défaut de rentabilité, se maintient en Camargue sur quelques milliers d’hectares où elle se concentre dans les terres les plus basses où aucune autre culture n’est possible.
L’abandon des infrastructures hydrauliques lié à la réduction considérable de la surface en riz et du nombre de riziculteurs a des conséquences dramatiques pour l’environnement, démontrant le rôle essentiel de la culture dans l’équilibre écologique et l’économie de la Camargue.
Aussi dès 1981 un plan de relance de la riziculture est lancé qui permet de redonner sa place à la culture.
Aujourd’hui, l’activité économique de la Camargue y compris des villes, reste très dépendante de la vivacité agricole de la région, dont la riziculture est le pivot.
Une culture qui donne vie au territoire
Le riz sert en Camargue de support à de nombreuses manifestations, en particulier la Fête des Prémices du Riz à Arles.
Fête Agricole et manifestation traditionnelle, la célébration des Prémices a lieu chaque troisième week-end de septembre. Cette fête a été relancée en 1983 et occupe une place de choix dans le cœur des Arlésiens.
Elle éclate de mille couleurs pour offrir à tous une fête joyeuse qui permet aux associations et aux particuliers d’animer la ville et d’en faire découvrir le patrimoine culturel et artistique : Vendredi soir, monsieur le maire d’Arles accueille l’ambassadrice du riz qui arrive par le Rhône sur le quai Saint Pierre ; puis c’est la présentation et la bénédiction du riz nouveau. Samedi et dimanche, la ville est animée par le Corso des prémices avec des chars décorés de gerbes de riz et distribuant du riz.
A citer aussi la Féria du Riz, manifestation taurine qui a remplacé la féria des vendanges. Celle-ci est organisée chaque année le deuxième week-end de septembre.
La Confrérie du Riz
D’esprit philanthropique, la Confrérie demande à ses Chevaliers de faire connaître les bienfaits et vertus du Riz Camargue, et aussi de tout mettre en œuvre pour apporter à partir des compétences de chacun l’aide nécessaire au développement de la culture dans les pays du tiers-monde.
La cérémonie d’intronisation prend valeur d’acte d’engagement et permet au cours de soirées privilégiées de sceller entre ses membres une unité d’action.
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